
Le braconnage des espèces protégées fortement sanctionné
Véritables fossiles vivants, les tortues marines peuplent les océans depuis 100 millions d’années. Trois espèces fréquentent les eaux calédoniennes : la tortue bonne écaille, la tortue verte et la tortue grosse tête. Elles sont toutes menacées d’extinction
Le 21 juin dernier, sur le littoral de Deva à Bourail, une tortue « grosse tête » ne présentant aucune blessure externe ou de symptôme apparent a été retrouvée morte par les gardes nature de la province Sud. S’agissant d’un fait rare pour cette espèce menacée et protégée, la province Sud a commandité la réalisation d’un examen médical approfondi, une nécropsie, pour tâcher de comprendre l’origine de sa mort.
Sur la base des éléments médicaux, la mort de cette tortue “grosse tête” résulte très probablement d’une tentative de braconnage réalisée pendant la dernière saison de ponte sur le secteur de la Roche Percée (entre décembre et janvier). La perforation d’un poumon du spécimen a engendré une mort lente au regard d’une blessure profonde et interne, et malgré la cicatrisation externe de la plaie. Ce spécimen rare et en âge de se reproduire venu spécialement en Nouvelle-Calédonie pour se reproduire, n’a ainsi pas pu reprendre sa grande migration afin de rejoindre son lieu de vie et de nourrissage éloigné.
En savoir plus
Après leur naissance, les jeunes tortues rejoignent la haute mer pour 5 à 10 ans. Elles regagnent ensuite les eaux côtières pour devenir résidantes d’un site de nourrissage, où elles resteront jusqu’à leur maturité sexuelle (30-35 ans). Les femelles retournent à leur plage de naissance pour y pondre leurs oeufs jusqu’à 3 à 5 fois par saison, avant de retourner sur leur site de nourrissage.
Les grosses tortues deviennent rares. L’afflux de tortues juvéniles dans le lagon calédonien est un signe positif pour la conservation de ces reptiles. Mais elles ne se reproduiront que dans 25 à 30 ans, la période pour renforcer les stocks d’individus adultes sera donc longue.
Des sanctions importantes
Les tortues marines, y compris leurs oeufs, sont protégées par le code de l’Environnement (art. 240-1 et suivants).
Toute perturbation des spécimens ou site de ponte (introduction de chien, lumière, approche à moins de 10 mètres,…) est passible d’une amende de 90 000 F. Leur pêche ou mutilation est interdite sous peine d’une amende pouvant atteindre 1 780 000 F et un an de prison.