
La shrinkflation s’étend à tous les produits, mais kesako ?
Moins de produit, pour le même prix. La “shrinkflation”, une technique marketing vicieuse qui entourloupe les consommateurs et permet de faire payer plus cher discrètement.
La « shrinkflation », contraction du mot anglais shrink (rétrécir) et d’inflation: c’est ainsi qu’est surnommée la pratique, courante mais résurgente, adoptée par certaines grandes marques pour tenter de camoufler la hausse générale des prix auprès de leur clientèle —ou du moins de mieux faire avaler la pilule.
Davantage d’air dans votre paquet de chips ou de céréales, un peu moins de croquettes pour votre chat dans une boîte pourtant similaire, quelques feuilles de papier toilette en moins dans un rouleau vendu au même prix…
Une quantité réduite pour un même prix.
C’est une technique bien connue des spécialistes en marketing : la “shrinkflation”. Le principe est simple mais redoutable : diminuer la quantité d’un produit peu à peu sans pour autant baisser son prix.
Le professeur de marketing à la Sorbonne Pierre Chandon explique que « la plupart des consommateurs ont l’idée fausse que les quantités sont standardisées, régulées », et que « parce que nous pensons que le poids est fixe, nous n’y prêtons guère attention ». Quelques grammes en moins seront une pilule beaucoup moins amère à avaler que quelques centimes d’euros en plus à payer.
Une méthode qui s’applique de plus en plus dans la grande distribution avec la hausse des matières premières. Pour le consommateur, la “shrinkflation” est moins perceptible qu’une augmentation des tarifs mais fragilise le pouvoir d’achat.
Plus insidieux
Selon Edgar Dworsky le spécialiste américain de la défense des consommateurs, des dizaines de produits sont concernés par cette augmentation cachée des tarifs. Tous les biens de consommation à la vente en supermarché peuvent être concernés.
“C’est plus insidieux parce que diminuer la taille, c’est moins voyant qu’une hausse de prix […] Les entreprises font ça parce que les consommateurs ont un prix en tête pour tel ou tel article, basé sur des années d’expérience”
Des consommateurs sensibilisés ?
Pour Edgar Dworsky, les industriels abusent de cette technique car “Ils ont intégré les coûts (du re-calibrage) et s’ils ont 0,5 % des consommateurs qui se plaignent, ils leur envoient des bons d’achat pour qu’ils continuent à acheter.”
Mais comme toutes les techniques marketing, “si ça leur fait gagner de l’argent, ils.”
Pour autant, depuis plusieurs années les consommateurs affichent régulièrement les dérives de cette méthode. Sur le réseau social Reddit, 14 700 personnes partagent régulièrement des abus.

