Les voyages forment la jeunesse, mais beaucoup moins quand il s’agit de les faire à l’autre bout de la planète avec votre gosse de moins de 5 ans.
30 heures de vol oui, mais 30 heures de glande, ça c'était avant !
« Je me régalais souvent à l’avance en pensant au fait que, le plus légitimement du monde, je pouvais ne rien foutre pendant quasi 30 heures. La qualité de la restauration était certes, un peu limité, mais tout à fait supportable surtout en pensant à certaines escales où je salivais des pauses bouffes que j’allais y faire. »
C’était aussi l’occase de se mettre à jour ma culture cinématographique ou de regarder un grand classique en mandarin.
« J’ai toujours adoré faire semblant de prendre de quoi lire (des articles sérieux ou autres bouquins pour le boulot) alors que je me délectais à l’avance de l’overdose de film à venir. »
Dormir, n’était pas forcément un objectif en soi. Et si cela arrivait c’était pour mieux continuer à mater des films au réveil. Et puis le plus agréable c’était bien de pouvoir choisir son rythme, quels que soient l’heure et le lieu.
Pour les « cleptos à la petite semaine » qui voulaient assouvir une petite envie, il était toujours possible de ramener la petite couverture inutile qui trainerait les 5 prochaines années au fond de votre placard.
Reste qu’en général vous pouviez picoler gentiment mais sûrement sans déranger personne. Et vous n’étiez pas encore arrivés sur la terre ferme de vos vacances, que vous aviez déjà pris 3 kilos. Au rythme de 2 kilos minimum par semaine (règle de vacances en métropole qui n’est plus à prouver et qui varie selon la saison) il aurait été absurde de vous priver dans l’avion.
Ainsi ces voyages tenaient plus du repos que de l’expédition... et c’est ça qui était bon !
Jusqu’à ce que... l’arrivée de votre 8 ème merveille du monde revêt un soupçon d’emmerde.
Votre regard se déplace, les avantages persistent mais perdent de leur saveur.
« Les 30 heures sont désormais ponctuées lourdement par les contrôles de sac, incessants et réalisés par des « portes de prison » qui vous regardent galérer entre votre blonde, le doudou, les sacs, les vestes et écharpes (qui n’attendent que les 8 degrés à Paris pour vous servir), votre ordi et les passeport qui vous faut absolument mettre dans 15 bacs différents. »
Le plus souvent histoire de pimenter ce moment jouissif votre gosse viendra juste de se réveiller et chouinera certainement pour rester dans vos bras qui, au nombre de 2, vous semblent déjà insuffisant pour gérer la situation…
Le petit plateau tv accompagné de l’apéro posé sur ces minuscules tablettes, devient un jeu d’équilibriste, parce qu’il veut aller aux toilettes « Maintenant », ou parce qu’il veut « Faire tout seul » il est désormais impossible d’accéder à la fin du repas sans chavirer la moitié du plateau.
Votre culture cinématographique vous tend les mains mais au 3ème film regardé et entrecoupé de 25 pauses parce que votre mioche change d’envie toutes les 20 min et souhaite vous faire part d’un commentaire, hautement intéressant, toutes les 5 minutes, vous en seriez presque à prendre votre livre en pleurant, et noter sur un coin de page les films qu’il vous faudra voir en streaming à votre retour.
On pourrait envisager de se reposer pendant le trajet mais lorsque votre cher et tendre bambin s’endort, vous avez tendance à vouloir profiter de ce moment de tranquillité fragile et regarder le dernier Marvel. Mais viendront les 6 prochaines heures où il ne vous laissera jamais vous endormir plus de 3 minutes quels que soient vos larmes et votre visage défait.
C’est aussi 30 heures où il vous faudra vous assoir sur vos principes éducatif parce qu’en plus de l’épuisement presque morbide dans lequel vous êtes, personne ne souhaite être lapidé dans le couloir d’un avion.
Et finalement quand on vous demandera « Alors le vol avec la petite ? »
Vous répondrez sûrement « Ben, nan franchement ça s’est bien passé… »
Bonne vacances à vous
Pascale Line