
Le grand chef de Guahma placé sous contrôle judiciaire
Le parquet a procédé, ce jour, à l’ouverture d’une information judiciaire visant les commanditaires des exactions commises à Maré du 02 au 17 novembre 2020 .
Cinq personnes mises en cause, placées en garde à vue le 17 janvier 2022, ont été déférées ce matin, à l’issue de leurs auditions conduites sous le régime juridique de la criminalité organisée prévoyant une durée maximale de garde à vue de 96 heures.
Il ressort de l’enquête que la famille HNASSIL de la tribu de Roh ainsi que le pasteur BAEBAE et leurs proches ont subi des violences par projection de pierres, des vols de biens mobiliers ainsi que des dégradations ou destructions par incendie de leurs biens tant mobiliers (sept véhicules, meubles, effets personnels …) qu’immobiliers ( 12 habitations détruites, un hangar et une case ).
Henri Docukas NAISSELINE, le donneur d’ordre
Les investigations diligentées ont permis d’établir la participation de 50 personnes dans la commission de ces exactions, sur les instructions données par le grand chef du district de Guahma, Henri Docukas NAISSELINE, apparaissant comme le donneur d’ordre, assisté de cinq chefs de clan ayant relayé les directives du grand chef .
Ces exactions étaient commises dans un contexte de relations conflictuelles entre le grand chef et le petit chef de la tribu de Roh.
Rappel des faits
Le 28 octobre 2020, le grand chef NAISSELINE avait notifié à Daniel HNASSIL petit chef de la tribu de Roh et son frère Alain HNASSIL, leur expulsion du district de Guahma en raison de leur opposition à la décision du grand chef d’installer un pasteur, qui selon eux, ne respectait pas les usages .
Le petit chef de Roh était « destitué » et son autorité confiée à un comité mis en place par la grande chefferie. Cependant, Daniel HNASSIL se maintenait à la tribu de Roh, contestant ainsi la décision du grand chef .
Lors d’une réunion organisée à la grande chefferie, il aurait été décidé de « chasser les HNASSIL, de les dégager » , certains chefs de clan donnant ces directives aux plus jeunes en disant notamment « le feu fait peur à l’homme ».
Mis en examen
Les cinq personnes (la sixième n’ayant pu être entendue à ce jour, pour des raisons médicales) présentées au magistrat instructeur ont été mises en examen des chefs de vols en bande organisée, dégradations et destructions par moyen dangereux pour les personnes en bande organisée et complicité de violences sans incapacité de travail avec usage ou menace d’une arme et placées sous contrôle judiciaire.
Au cours de ses auditions, le chef de Guahma a contesté son implication dans les faits reprochés, en tant que donneur d’ordre, en dépit de sa mise en cause par des victimes, des auteurs des faits comme des commanditaires de second rang qui ont admis leur participation aux faits, en relayant les consignes du grand chef, et en agissant dans un esprit de stricte obéissance vis-à-vis de lui .
Un contrôle judiciaire stricte
Le contrôle judiciaire ordonné par le magistrat instructeur comprend notamment, une obligation de pointage tous les 15 jours à la gendarmerie de Tadine, une interdiction de détenir ou porter une arme, et une interdiction de communiquer avec les co-mis en examen.
S’agissant de la mesure ordonnée à l’encontre de M. NAISSELINE, s’y ajoutent l’obligation de verser un cautionnement d’un montant d’un million de francs et l’interdiction de paraître à la tribu de Roh .
Le Procureur a tenu à souligner l’engagement soutenu des enquêteurs dans la conduite de cette enquête particulièrement dense, et la détermination du parquet à cerner l’ensemble des niveaux de responsabilité dans la commission de ces exactions totalement inacceptables, ayant eu un retentissement certain sur le territoire .