
La crise sanitaire fragilise l’emploi en Nouvelle Calédonie
L’enquête sur les forces de travail 2020, réalisée par l’Institut de la statistique et des études économiques (ISEE) révèle que la crise sanitaire a très clairement fragilisé l’emploi dans l’archipel : hausse du chômage, baisse nette du taux d’emploi et augmentation de la précarité.
Au cours de l’année 2020, le taux de chômage a augmenté de 2,6 points sur un an.
On compte 16 100 chômeurs, soit 3 100 de plus qu’en 2019 : huit sur dix sont des hommes ; sept sur dix sont Kanak ; les trois quarts ont de 15 à 24 ans.
La part des chômeurs dans la population active s’établit à 13,3 % (contre 10,7 % l’année précédente).
11 100 personnes espérant un emploi, mais qui pour autant ne font pas de démarche active constituent ce qu’on appelle « le halo autour du chômage » : il augmente de 36 % sur un an, tiré essentiellement par les femmes, souvent jeunes, kanak et sans qualification.
Le taux d’emploi, qui mesure la part des personnes en emploi dans la population totale, s’établit à 56 % : 105 300 personnes de 15 ans et plus occupent un emploi.
Le repli de deux points par rapport à 2019 touche exclusivement l’emploi salarié, et en particulier les contrats à durée indéterminée (CDI). Étonnamment, l’emploi non salarié résiste mieux.
Sans surprise, en volume, les emplois occupés par les personnes n’ayant aucune qualification ont été les premiers sacrifiés (- 6 % par rapport à 2019).
Depuis 2017, les situations d’emploi se précarisent progressivement : perte d’emploi, multiplication des contrats à durée déterminée (CDD), hausse du temps partiel et maintien des contrats spécifiques.
Les « inactifs » représentent 35 % de la population en âge de travailler (15/64 ans), dont 19 800 élèves ou étudiants.
Les autres inactifs de la tranche d’âge sont retraités, femmes au foyer ou appartiennent au fameux « halo » : essentiellement des femmes qui ne remplissent pas les critères pour être comptabilisées comme chômeuses, mais déclarent souhaiter un emploi.
Le covid en toile de fond
Le ralentissement de l’économie lié aux périodes de confinement, à la suspension du trafic international et aux difficultés d’approvisionnement provoque la perte de 2 900 emplois.
L’année est également marquée par l’adaptation des conditions de travail de 3 700 travailleurs qui ont dû adopter le télétravail, subir le chômage partiel ou une réaffectation.
Impactée par l’état d’urgence et les mesures de confinement à partir de mars 2020, l’économie calédonienne a retrouvé un fonctionnement quasi normal courant mai. Toutefois, les entreprises sont restées pénalisées par l’absence de clientèle internationale et de multiples contraintes.
Les mesures de sauvegarde et de soutien aux entreprises adoptées par les pouvoirs publics dès le mois d’avril les ont également aidées à passer le cap. Le recours aux mesures de chômage partiel a notamment permis de contenir la baisse de l’emploi et la hausse du chômage.
Si l’ensemble des bénéficiaires de cette mesure avaient perdu leur emploi, le taux de chômage aurait augmenté de 1,4 point, pour atteindre 14,7 %.
Enquête Forces de travail
Les résultats présentés par l’ISÉE sont tous issus de l’enquête sur les forces de travail réalisée en Nouvelle-Calédonie chaque année depuis 2017 et financée par la Nouvelle-Calédonie.
Cette enquête a pour objectif la production d’indicateurs annuels de mesure du chômage et de l’emploi, selon les normes du bureau international du travail (BIT).
Pour cette quatrième édition, l’enquête a concerné 3 120 ménages et 6 500 répondants de 15 ans ou plus, interrogés entre juin et décembre 2020.
Sur cette période d’enquête, l’ensemble des activités économiques avaient retrouvé leur fonctionnement ordinaire, en dehors des impacts liés à la situation internationale (trafic international de passagers réduit à minima et contraintes d’approvisionnement).